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19h30 - conférence de G. Raulet, salle Ganeval |
Il est un peu plus de 16h ce vendredi lorsque j'arrive à l'Institut français. Ce beau bâtiment des années 1950 bourdonne comme une ruche : la Nuit de la philosophie va le hanter jusqu'au petit matin. Je réintègre pour l'occasion (et pour mon plus grand plaisir) l'équipe de mon stage, et enfile le polo blanc des volontaires. Les Gäste arrivent très vite pour la réception. La valse des langues commence : il faut accueillir chacun dans sa langue, ou du moins dans sa langue de prédilection. Je mets enfin des visages sur les noms que j'ai fréquentés lors de la préparation. Alors que sa réception bat son plein et qu'elle est sollicitée de tous côtés, ma chef nous amène un verre de vin blanc à l'accueil : "Vous devez avoir soif mes chéries !" - celle-là est décidément un coeur à part.
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21h15 - Buchhandlung |
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22h - Entrée cinéma, Uhlandstrasse |
A 18h30 précises, le public est autorisé à entrer. La Maison de France s'ouvre du rez-de-chaussée au quatrième étage. Très vite, l'affluence témoigne du succès de la formule : soixante leçons de philosophie venues de toute l'Europe, de 19h à 7h du matin. Face aux flux et dans la crainte d'un accident, nous sommes obligés de bloquer temporairement l'accès aux escaliers. Mais les trois plus gros problèmes crachotés par le talky-walky sont finalement : "Plus de PQ au cinéma !" ; "On a perdu deux enfants, deux enfants de 14 ans !" "Ca sent la beuh au premier !".
Nos philosophes semblent agréablement surpris : "Mais quel monde ! Nous ne sommes pas habitués vous savez !". Nous pensions (à tort) que ceux qui doivent parler en milieu de nuit rentreraient dormir un peu avant leur discours. Ils sont presque entre amis, discutent, visitent le bâtiment, sirotent un cocktail et s'écoutent mutuellement.
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23h30 - Accès au cinéma |
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23h45 - conférence de M. Crépon, salle du cinéma |
La manifestation est germanophone quand l'organisation est francophone : parmi les volontaires, une fois n'est pas coutume, les deux langues se concurencent sérieusement. L'équipe est binationale, ce qui est rare en soi (souvent un clan et sa langue dominent). Dans notre QG dissimulé au fond d'un couloir, nous partagons Cola, Club Maté, bonbons et biscuits. L'accent change à chaque phrase, c'est à la fois fatigant et réjouissant : l'amitié franco-allemande se fait perceptible.
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4h10 - Lever de soleil |
Peu après 4h, le soleil se lève sur le Ku'damm désert. Les salles se vident, lentement. C'est l'heure où, enfin, on peut écouter tranquillement les derniers exposés. Je remarque un homme assis dans un coin, son carnet de croquis est rempli de philosophes épinglés en moins de 20mn. Dans les mornes pièces où n'errent plus que des polos blancs ou presque, bouteilles et verres vides sont évacués. Demain l'Institut ouvrira normalement. Il fait grand jour au moment des adieux. Quelle trépidante nuit !
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7h - La Maison de France a retrouvé sa sérénité |