samedi 12 juillet 2014

Sieben - Eins !

Le Brésil est donné gagnant dans cette demi-finale. Un peu débordée par les révisions, je reste sagement chez moi. Mais la fenêtre est restée ouverte, les pétards me font sursauter par quatre fois en vingt-cinq minutes. Je dévale les escaliers, direction le bar le plus proche, je ne peux quand même pas rater ça ! Le score est désormais à 5-0 en faveur de l'Allemagne.

J'ai atterri au hasard dans un petit bar d'habitués. Deux écrans projettent le match, sur deux chaînes différentes (et donc deux retransmissions différentes). Un peu déstabilisée par le calme qui semble régner, je reste dans la première salle, au milieu d'une douzaine de Germains ventrus. Au bar, je commande un Bionade, mais face à un secouement de tête je me contente d'un Cola. La patronne a l'air étonnée, vaguement méfiante : "C'est sur place ? ou à emporter ?". J'acquiesce, un peu surprise. "Mais vous voulez que je vous le décapsule ?" Heu oui, s'il vous plaît...


Les hommes sont à une tables, les femmes à une autre. J'avise prudemment un tabouret entre les deux. Les Allemands se lèvent tôt, aussi les présents n'ont pas l'air de travailler, attablés ici à 23h, à fumer et à boire. Les hommes ont les cheveux blancs, l'un d'eux porte un tatouage. Les femmes sont en schwartz-rot-gold. L'une est enrubanée de colliers à fleurs. L'autre porte une vaste robe tricolore sur un legging noir, et une bague en brillants roses au deuxième orteil droit. Au bar, un couple aux multiples piercings se tient par la taille. La petite société parle peu mais fort. L'une parie (déjà !) sur un 7-0. Les commandes de bières se répètent inlassablement. Je sens qu'on l'observe du coin de l'oeil, la drôle d'inconnue en jean et débardeur blanc. Enchantée de cette ambiance pour le moins atypique, j'écoute tout, rigole de leurs blagues et souris à la ronde.

A la mi-temps, la patronne Angelika (Angeli pour les intimes) offre le Schnaps. Je reçois un shot d'une liqueur rouge au goût de cerise artificielle, pas mauvaise. La salle trinque, ou plutôt "Prost !". On me demande si je suis Brésilienne ; je corrige, et me voilà adoptée : "Ah on vous a battu en quart". Et mes jeunes yeux distinguent, malgré la fumée, les minutes du temps de jeu, ce sur quoi on m'interroge abondamment. Le sixième et le septième buts arrachent des exclamations à la pudeur teutonne. Au coup de sifflet final, pas de scène de liesse comme ailleurs, mais un autre Schnaps et une chansonnette : "Wir sind im Finale !". Je demande à faire une photo avec eux, ils acceptent en riant. Elle est floue - ce qui n'est guère étonnant sachant la consommation de bière du photographe - mais les couleurs et le rire y sont. Quand je prends congé, on me demande avec une franche cordialité si je reviens le lendemain pour l'autre demi-finale ? Pour la finale dimanche ?

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