Le Theaterdiscounter est un minuscule théâtre berlinois, à la limite du confidentiel. Ma maître de stage a eu vent d'une première, et nous entraîne. G. est là bien sûr, toujours partante pour un théâtre, ainsi que V. et E., en visite. Heureux hasard, la bande B/L est presque au complet pour LE voir. Ce soir, Valère Novarina en personne est dans la salle pour assister à sa dernière création. Depuis l'hypokhâgne et cette pièce à l'Odéon en hongrois surtitré allemand, ce dramaturge français exerce sur nous un attrait tout particulier.
L'acteur Leopold van Verschuer a traduit en allemand Homo Automaticus - "Le monologue d'Adramelech". Seul en scène, le crâne à moitié rasé et peint en rouge, son interprétation est magistrale. Le sens du texte m'échappe totalement, à l'exception de quelques mots épars. Novarina travaille des structures complexes, avec des répétitions, des juxtapositions, des jeux de mots plus ou moins farfelus : la version allemande me dépasse. Pour autant, et malgré la longueur du texte, on adhère au personnage, saisissant.
L'enjeu véritable de la soirée a lieu après les applaudissements. Groupies un peu intimidées mais pleines d'espoir, notre but est une photo avec le grand homme. Mais nous ne sommes pas seules à briguer son attention, bien que l'assistance soit réduite et qu'il ne comprenne pas vraiment l'allemand. Nous nous dandinons en silence, coulant des regards dans sa direction, avec pour maigre stratégie de nous rapprocher "subrepticement". C'est finalement ma maître de stage, confondante d'un délicieux naturel, qui l'aborde pour nous. L'heure de gloire est arrivée : quelques mots échangés. Lui aussi a été élève d'hypokhâgne et de khâgne à Janson de Sailly, "un peu la tête ailleurs". Sa première émotion dramatique a été, à cinq ans, de voir sa mère vêtue de noir interpréter une veuve. L'Opérette imaginaire montée à l'Odéon en 2011 a frôlé l'échec, car les comédiens hongrois l'assaillaient continûment de questions. Il a beaucoup apprécié le spectacle, admirant le travail solitaire de l'acteur. Il a retrouvé la cadence et le ton de son oeuvre dans cette traduction, marque de sa qualité au delà de la compréhension de la langue. Il a salué également ce qui d'après lui manque trop souvent aux acteurs français, un exercice physique du corps et de la voix.
La photo est accordée, le trophée est décroché ! G. a la dernière formule : "nous sommes redevenues un bref instant de petites hypokhâgneuses ébouriffée par tant de fantaisie".
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