samedi 10 mai 2014

Cixous' Gespräch

Passagen Verlag est un éditeur viennois particulièrement francophile, connu pour traduire les penseurs français du deuxième vingtième siècle. Pour la troisième édition de ses Entretiens berlinois, Hélène Cixous est l'invitée. Nous sommes au théâtre du HAU, Hebel am Ufer.


Féministe et soixante-huitarde engagée, essayiste et auteur de théâtre, amie intime et  correspondante de Derrida, elle impressionne par son élégance et la clareté de sa pensée. Je réalise que cette pièce des Passagers du Fol Espoir vue au Théâtre du Soleil il y a quelques années était en fait de sa plume. Elle qui connaît Berlin depuis longtemps puise dans cette ville les exemples de son argumentation. Parlant de l'université qu'elle a fondée à Vincennes en 1968, elle dresse le triste portrait de l'université française d'aujourd'hui  : une autorité non-identifiée, un enseignement magistral sclérosé et cloisonné, la perte du désir d'apprendre ensemble. Etudiante souvent critique, son discours me semble très juste. Elle évoque d'autres thèmes qui lui tiennent à coeur. Dans le très grand âge, il faut réinventer le monde et ses objets, car le corps affaibli attaque notre perception. L'amour est un travail à accomplir chaque jour, pour apprendre à approcher l'autre sans le dénaturer.

A la sortie, pour compléter la collection entamée avec Valère Novaria, nous obtenons un autographe. Elle refuse la photo - enfin l'accepte "à condition [qu'elle] ne [s]'en aperçoive pas", et on ne peut pas dire qu'elle regarde l'objectif dans les yeux.

C. ne partage pas mon avis, et pour un peu la conversation s'enflammerait... Un solide kebab plus tard, les estomacs cessent de grincer...et les esprits avec !

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